L’histoire d’Ennery

L’histoire d’un village emblématique du Vexin Français

Un peu d’histoire

Victor Thérèse d’ENNERY Charpentier

L’hypothèse la plus généralement admise fait dériver le nom d’ ENNERY de celui d’un seigneur franc nommé AGNERIC ou HANERIC qui aurait vécu au VIIème siècle.

Les documents anciens les plus connus désignent le village sous le nom d’HANNERIACA VILLA, puis ANERIACO, ANNERI ou encore HANNERI et enfin au XVIIème ENNERY .

D’AGNERIC , nous connaissons fort peu de choses. Il était l’un des premiers officiers du roi Théodobert d’AUSTRASIE et parent de St OUEN, évêque de Rouen, vers 610.

Le plus ancien document conservé, remonte à 1099 et concerne un seigneur nommé Giroud d’ANNERY. Puis les actes se succèdent au fil du temps et concernent des dons , des possessions ou donations de fiefs sur le territoire, la perception de dîmes etc …

Durant les premiers siècles qui suivirent l’évangélisation du Vexin français, vers l’an 250, ENNERY, ou plutôt la très modeste bourgade désignée sous le nom d’ANERIACO, d’où l’appellation des habitants « ANNERICIENS », était évidemment dépourvue de curé, elle dépendait alors de Saint Mellon de Pontoise .

ANERIACO aurait été érigée en paroisse au début du XIIème siècle .

Pendant la guerre de Cent Ans, ENNERY a certainement beaucoup souffert comme toute la région.

Quelques temps avant que la capitale du Vexin ne devint l’enjeu d’une lutte sans merci, les Anglais s’étaient déjà illustrés par un certain vandalisme en s’attaquant aux édifices religieux des environs. C’est ainsi que fut incendié St Christophe de Cergy, détruite l’église d’ Osny, abattu le prieuré de Villarceaux, ruinés l’abbaye de St Martin de Pontoise et le monastère de Nucourt. Puis l’église d’Avernes fut incendiée à son tour et celle d’Hérouville renversée.

A noter qu’en juillet 1441, le Duc d’York, Lieutenant Général des Armées anglaises, vint loger à ENNERY durant trois jours pendant le siège de Pontoise par Charles VII.

De 1453 à 1561, ENNERY apparaît dans des actes notariés ou des registres de mariages. En 1561, Hugues d’AILLY Lieutenant à la Compagnie des Gendarmes de Monsieur d’ESTOUTEVILLE de VILLEBON, se fixe à ENNERY. En 1597, Charles de NEUFVILLE de VILLEROY, plus connu sous le nom de Baron d’ALINCOURT acquiert la terre et la seigneurerie d’ENNERY. Fils de Nicolas de NEUFVILLE, Seigneur de MAGNY, il avait eu pour parrain le roi CHARLES IX et pour marraine Catherine de MEDICIS.

Pendant les Guerres de Religions, il défendit la place de Pontoise, en qualité de gouverneur. Pendant le siège de 1589,le roi HENRI III était à Cergy , Henri de NAVARRE avait installé son quartier général à ENNERY où il resta du 10 au 15 juillet . Charles d’ALINCOURT fut fait gouverneur de LYON où il mourut le 18 janvier 1642, après avoir vendu la seigneurerie d’ENNERY à Charles d’AILLY II le 11 mai 1599.

Son fils Charles d’AILLY III, Baron d’ENNERY, fut fait gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, Maréchal de camp en 1649 et Conseiller d’Etat. Il s’illustra au cours de la Fronde (1648 à 1652) et fut désigné par la noblesse de Senlis pour sièger aux prétendus « Etats Généraux » de 1652 où il se compromit très fortement en conspirant contre l’autorité de sa Majesté.

Une lettre de COLBERT adressée à MAZARIN nous révèle que le Château fut rasé en 8 jours et que les bois qui l’accompagnaient furent coupés.

La sentence à la peine capitale ne put être exécutée d’AILLY s’étant exilé. Son fils Jacques Ier d’ AILLY, né à ENNERY en 1645, servit comme aide de camp en 1674 en Franche Comté. En 1697, couvert de dettes, il vendit ses biens à Jacques CHARPENTIER.

Les nouveaux seigneurs descendaient d’un boucher de RUEIL, fournisseur de MAZARIN, récemment anobli pour leur fidélité au roi. Le petit fils de Jacques CHARPENTIER est le personnage le plus important de cette famille, il s’agit de Victor Thérèse CHARPENTIER d’ENNERY .

Né en 1732, il choisit le métier des armes et fut promu au rang de Maréchal de Camp à la fin de la guerre de 7 Ans (1756 – 1763). Le Comté d’ENNERY fut alors érigé en marquisat. En 1764, CHOISEUL, désireux de tirer le meilleur parti de nos colonies des Antilles, confia au Marquis d’ENNERY, le gouvernement des Iles Sous le Vent.

Il y réussit pleinement, mais mourut le 13 décembre 1776, assassiné à Port au Prince où son corps fut inhumé dans le cimetière mais son cœur fut rapatrié en la chapelle seigneuriale de l’église Saint Aubin d’ENNERY. Le mausolée destiné à recevoir le cœur du Marquis fut sculpté par Jean HOUDON, à l’origine situé dans l’église, il se trouve aujourd’hui exposé, au pavillon de Flore, au musée du LOUVRE qui en fit l’acquisition en 1943.

La seigneurerie d’ENNERY, érigée en marquisat en 1763,fut l’une des plus vastes du Vexin. Elle s’étendait sur les territoires d’ENNERY, LIVILLIERS , EPIAIS, GRISY, VALLANGOUJARD et THEUVILLE, sans parler des possessions dispersées à NESLES LA VALLEE, PONTOISE, SERAINCOURT, GAILLONNET, OINVILLE de BREUIL en VEXIN.

Sa fille Pauline épousa en 1784 Gaston de LEVIS qui fit restauré le château d’ENNERY. En 1789, Gaston de LEVIS fut nommé grand bailli d’épée du baillage de Senlis qui lui permettra de présider l’Assemblée des Trois Ordres aux Etats Généraux.

Gaston Duc de Levis

A la veille de la révolution, ENNERY comptait approximativement 550 habitants, chiffre qui n’évoluera que très peu jusqu’à la construction des lotissements du Plateau et de la Croix d’Autel.Le premier Conseil Général fut désigné à ENNERY en 1790 par les citoyens « actifs » qui comprenait 6 membres. Cette même année, deux compagnies de Gardes Nationales, police civique furent créées pour assurer la protection des habitants et de leurs biens .ENNERY est à cette époque rattachée au district et canton de PONTOISE.
Lors de la levée en masse « la Patrie est en danger  » en 1792, deux jeunes citoyens seulement vinrent se faire inscrire. La population malgré tout, accueillit la Révolution et surtout l’abolition des droits féodaux. Durant cette période, le village resta relativement calme et les seules actions réellement révolutionnaires restèrent le fait de quelques individus pour empêcher les ventes clandestines de denrées de premières nécessités, sans compter quelques gestes anti-révolutionnaires comme celui d’abattre l’Arbre de la Liberté.

Le Comte de LEVIS émigra en Angleterre en 1793, mais sa mère et ses deux sœurs cadettes furent guillotinées juste avant la chute de ROBESPIERRE. Plus tard, il rentra en France après le coup d’Etat du 18 Brumaire mais refusa toujours de servir NAPOLEON et se lança dans la littérature.

Pour soutenir l’effort de guerre, le gouvernement révolutionnaire réquisitionna toutes les matières premières et notamment le salpêtre obtenu par lessivage du sol des caves. Un atelier sera installé dans le château par la municipalité. C’est également à cette époque que nos cloches furent confisquées sauf une, grâce à l’association du Carillon d’ENNERY et à la municipalité actuelle, nous les avons récupérées en 2001.

Après la chute de ROBESPIERRE, les habitants du village obtinrent le libre choix de leur jour de repos et l’espoir de retrouver les usages auxquels ils étaient attachés, notamment la possibilité de sonner la cloche et d’ouvrir à nouveau l’église.

Sous le directoire qui créa des municipalités cantonales, ENNERY fut rattaché à la municipalité cantonale extra-muros de PONTOISE dont le siège était à CERGY.

Pendant ce temps le château et la ferme furent vendus, comme biens appartenant à des émigrés, en 1799, par adjudication, le citoyen REAL se porta acquéreur. Il fut le bras droit de FOUCHE, ministre de NAPOLEON et fut fait Comte d’Empire et Commandeur de la Légion d’Honneur. Emigré aux Etats-Unis après WATERLOO, il vendit sa propriété d’ENNERY en 1816.

La période consulaire et l’Empire furent fertiles en événements militaires, mais nous ne savons pratiquement rien des jeunes hommes qui furent enrôlés et des victimes tombées dans les combats.

La municipalité réorganisa l’enseignement primaire en1802 et nomma un instituteur pour instruire les enfants. A l’époque l’enseignement se bornait à la lecture, l’écriture, les quatre opérations d’arithmétique, le système métrique et le plain-chant .

Sous la Restauration, la municipalité fut de nouveau remaniée. Les conseillers furent, cette fois, élus parmi les notables les plus imposés. En 1817 des réparations sont faites pour restaurer l’église et ses vitraux payés par la fabrique Saint Aubin, l’association des paroissiens.

Sur la période de 1822 à 1830, des constructions comme le pont d’Auvers en 1822 et le presbytère en 1826, agrandi d’un étage, virent le jour
L’école du village accueillait 37 garçons et 27 filles en hiver et 10 garçons et 6 filles en été.

Un grand personnage, le Baron Athanase RENDU acheta le château en 1828. Il fut maire d’ENNERY, Conseiller Général de Seine et Oise et Procureur Général de la Cour des Comptes.

La garde nationale forte de 132 hommes fut réorganisée en 1831et les voies de communication améliorées en 1834. L’enseignement primaire fut réorganisé à son tour en 1835 à la mairie-école construite de 1843 à 1845 malgré les retards occasionnés par la faillite de l’entrepreneur. C’est toujours ce même bâtiment que nous utilisons aujourd’hui, quant à l’école, elle fut transférée dans de nouveaux locaux.

Avec le troisième empire, le pouvoir exécutif, de nouveau, se réserva le droit de nommer les maires et les adjoints, le baron RENDU fut maintenu dans ses fonctions. A ENNERY, la proclamation de l’Empire fut plébiscitée par 171 voix sur 190 votants.

En 1861 disparaissait le baron RENDU, son poste de maire resta vacant pendant 5 ans.

Durant la guerre de 1870, c’étaient surtout les réquisitions (vaches, avoine . . . .) qui retinrent l’attention puis la contribution à l’autorité allemande qui s’éleva à 6 348,40 francs pour le village.

Les municipalités se succédèrent sachant que la nomination des maires et adjoints par le Préfet prit fin en 1876.

De 1870 à 1880, la municipalité se consacra surtout à la liquidation des séquelles de la guerre et à l’entretien de la voirie. Le 12 Août 1875, à deux heures de l’après-midi, un orage de grêle ravagea la commune. Ce sinistre fut classé « calamité publique ».

Par ailleurs, l’hiver 1879 fut d’une rigueur exceptionnelle .

De 1880 à 1914, nous avons pu relever plusieurs évènements :
. l ‘annulation des élections municipales en 1885
. la démission de l’ensemble des 12 membres de la municipalité en 1888 pour une raison que nous ne connaissons pas
. la création du nouveau cimetière achevé en 1883
. la célébration de la fête du 14 juillet pour la première fois en 1881
. le classement de l’église « comme monument historique  » en 1911
. l’installation de l’éclairage publique en 1903
. la mise en service d’une ligne de transport public entre Pontoise et Hérouville via ENNERY, la même année
. l’installation du téléphone en 1904 , il a fallu attendre 1928 pour le gaz

ENNERY ne fut pas atteinte directement par la guerre de 1914, même si des Uhlans, cavaliers allemands atteignirent Hérouville, mais nombreux furent ses hommes qui tombèrent au Champ d’Honneur et pour perpétuer leur courage et leur souvenir un monument fut érigé le 2 octobre 1921. 

ENNERY reprit ensuite son activité calme et paisible, les conflits sociaux de 1934 à 1938 furent faiblement ressentis du fait du caractère rural du village. Grâce aux progrès des transports ENNERY sortit peu à peu de son isolement comme toutes les communes des alentours.

Nous terminons ici l’histoire d’ENNERY, les événements qui se sont déroulés de 1940 à 1944 sont encore trop récents. Attendons que le temps fasse son oeuvre pour ajouter une page d’histoire supplémentaire que d’autres écriront.

Les Maires d’Ennery

1789 – Jean PIEDELEU

1791 – Pierre AUBERT

1792 François – Marie SERROT

1795 Jean PIEDELEU ( 8 mois )

1795 – Robert – François AUBERT

1798 François PIEDELEU ( 1 mois et demi )

1798 – Robert – François AUBERT

1799 – Louis – Augustin DELACOUR

1815 – Jean- François PIEDELEU

1823 – Louis – Achille RENDU 

1830 – Césaire- Auguste DELACOUR

1834 – Louis-Athanase RENDU

1861 – Vacance du poste

1865 – Jean – Louis DEBOISSY

1869 – Léon MAILLARD

1871 – Philippe BOUCHER

1873 – Léon MAILLARD

1878 – Arthur GENTIL

1899 – Jacques BOURESCHE

1901 – Désiré LETULLE

1935 – Albert PIEDELEU

1940 – Paul BAZIN

1944 – Paul TARABEUX

1945 – Arnold FOURNIER

1960 – Gérard CLAUDEL

2008 – Jean-Pierre BORGES

2014 – Gérard LEROUX

2021 – Matthieu LAURENT